Nouveaux spis en test
Ça bouge chez les Toucans
Bon ok, il y a encore de la neige en dessus de 3000… mais si comme moi, vous en avez marre de faire des trous dans les semelles de vos skis, ou de scalper les marmottes, remisez tout ce matos à la cave et à vos canots !
Les conditions de ce début de saison sont tout simplement idylliques et laissent présager d’une saison d’anthologie.
Revenons à nous moutons, lors de la saison 2016, la commission technique de l’Asprotoucan a engagé une réflexion sur les voiles de portant de notre bateau favori. Il a été relevé que les voiles plates du Toucan avaient considérablement évolué au cours de cette dernière décennie, contrairement aux voiles de portant, quasiment d’origine.
La complexité relative du bateau en mode « open » avec son grand tangon ajoutée au « trou » constaté à certaines allures, face aux autres bateaux équipés de spi asymétriques a été prise en compte. La visualisation des photos, notamment des derniers championnats de série, où dans les petits airs, tous les concurrents naviguent tangon dans l’étai, a participé à cette interrogation légitime : et si le Toucan était équipé d’un spi asymétrique ?
Durant cette réflexion, le comité a privilégié une étude d’évolution plutôt qu’un énième rajout de voile qui aurait raté sa cible, tant sur le plan de la praticité que sur le plan économique.
Pour mener à bien cette étude, l’Asprotoucan a mandaté la voilerie Europ’Sails, fidèle partenaire du Toucan.
Deux spis asymétriques ont donc été conçus (environ 85 et 110 m2), tous les deux en tête et amurés sur un bout dehors de 80cm par devant l’étrave.
Cette variante a été retenue afin de pouvoir permettre également la réalisation d’un grand spi asymétrique et de pouvoir l’envoyer lorsque le bateau est équipé du génois volant.
Nous avons donc percé huit trous sur le pont fraîchement rénové d’Angrybird pour poser le bout dehors de test. Le premier constat est qu’il nous a fallu 1 heure en tout et pour tout pour installer la chose… (rien de très décourageant donc)
Pour les esthètes, dont j’avoue faire un peu partie, le tout est démontable en un clic pour faire bonne figure au ponton avec un pont libre de tout dispositif pouvant être jugé comme disgracieux. (ceci dit, c’est pas plus moche que le grand tangon posé à plat pont et beaucoup moins encombrant…)
Un premier essai, pas très représentatif, a été effectué lors de la Double Cde 2016, lors de laquelle votre serviteur et son fidèle équipier ont montré qu’ils étaient toujours capable de faire de beau « vrac » même dans des petites conditions. (faut dire que le machin avait été monté l’avant veille et sans nous trouver d’excuse, la soirée avant la course avait été bien arrosée de tisanes écossaises avec l’ami Princivalle d’outre-manche…)
Durant l’hiver, l’Asprotoucan a finalisé le projet de test de spi asymétrique avec les morgiens d’Incisif, équipage phare de la série. Les vaudois du lac de G’nèèèève ont fait le déplacement en mars à la SNG afin d’effectuer les premiers tests comparatifs avec l’équipe élargie d’Angrybird. Inutile de préciser que si on s’était borné à rester en jauge, on aurait pris notre bonne brossée de début de saison… (sont énervants ces amis de Morges !)
Les premiers tests s’avèrent très intéressants, dans un premier temps, nous avons comparé le spi asymétrique amuré sur bout dehors au spi de jauge. Le résultat est sans appel en faveur de l’asymétrique, malgré le talent de l’équipage d’Incisif qui n’est plus à prouver. En effet, les morgiens possédaient une avance plus que confortable sur le bord de près mais nous les avons rattrapé, puis dépassé au portant).
Dans un deuxième temps, nous avons testé le spi sur bout dehors version Europ’Sails face au spi amuré à l’étrave dessiné par Michel Vaucher, qui arbore maintenant les couleurs de North-Sails, dont on salue au passage, le regain d’intérêt pour notre série.
Dans ce deuxième test, force est de constater (c’est en tout cas mon avis et ça vaut ce que ça vaut…) les deux formules se tiennent au niveau des performances.
Ceci dit, quel régal de naviguer au portant avec cette configuration. Le bateau accélère très rapidement et est très « vivant ». Cette constatation a été partagée par les équipages. Côté vitesse, nous naviguions à environ 12 nds dans environs dix nds SO de TWS lors de la prise de la vidéo ci-dessus.
Je précise que cet essai a été réalisé en formule jauge (GV, FOC, 1 SPI) et nous devons encore tester les spis asymétriques faces aux grands spis sur tangon.
Dans ce cas, on peut imaginer qu’une formule à l’étrave est peu efficiente à priori (et déjà testée par quelques équipages auparavant), tant pour une question de volume du spi que pour une question d’envoi de spi lorsque nous naviguons sous génois volant qui est également amuré à l’étrave…
Cette deuxième phase de test sera réalisée prochainement et un compte rendu vous sera communiqué. Si vous désirez participer activement à ces essais, vous êtes naturellement cordialement bienvenus !
Par la suite, il est prévu que l’équipe d’Angrybird effectue les mardis de championnats du monde de la SNG et les grandes classiques, soit la Genève-Rolle-Genève et le Bol-d’or Mirabaud, uniquement équipé des spis asymétriques. En effet, la comparaison avec une flotte de Toucan munis de balises semble une base de comparaison des plus factuelles. En fin de saison, un rapport complet sera présenté par la commission technique aux membres de l’Asprotoucan. Ces derniers auront bien évidemment le dernier mot sur l’avenir des voiles de portant de notre bateau favori.
Je remercie chaleureusement Loïc Gaussen et l’équipe d’Incisif qui ont fait le déplacement au bout du Léman pour nous aider dans ces comparatifs ainsi que Michel Vaucher de North-sails, professionnel dont la renommée n’est plus à faire et fin connaisseur du Toucan.
Pour conclure, je souhaite remercier particulièrement Nono (Jean-Luc Lévèque), Jean-Marc Monnard et notre Jacouille la fripouille (Jacques Lévèque) de la voilerie Europ’sails pour leur travail et leur aide précieuse dans l’élaboration et la réalisation de ce projet.
Longue vie au Toucan !
René – Angrybird
Catégories
Article très intéressant, merci.
Intéressant mais par expérience vos bout dehors sont bien trop court ! et ne parler pas de triangulation , ça fera juste un peu plus de travail au voiliers et leurs ordinateurs. 2 mètres minimum de bout dehors après pour les puristes esthètes c’est simple de les faire sortir sur le coté de l’étrave sans abimer la magnifique ligne de nos piafs